Ange Casta

Ange Casta, auteur et réalisateur de télévision français, est né le 2 septembre 1927 à Marseille et est décédé le 13 octobre 2020 au Plessis-Robinson.

Issu d’une famille corse, Ange Casta a passé son enfance à Aix-en-Provence. Durant ses études universitaires en lettres, il a découvert le théâtre et a eu sa première expérience en tant que metteur en scène. En 1949, il est admis à l’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques). Débutant sa carrière en tant qu’assistant de Jacques Becker et Raymond Rouleau, il a réalisé un court métrage, « Autour de Casque d’Or » (INA), pendant le tournage du film. Il a ensuite dirigé un moyen métrage cinématographique (35 mm) intitulé « Orly le monde. »

Ange Casta a débuté sa carrière à la RTF (plus tard ORTF) en 1952 et est devenu réalisateur en 1955. Il appartenait à la première génération de réalisateurs comprenant Stellio Lorenzi, Marcel Bluwal, Claude Santelli, Jean Prat, Jean-Pierre Marchand, Hubert Knapp, Jean-Claude Bringuier, Jean-Marie Drot, entre autres. Ange Casta a consacré son travail à la télévision publique.

Au fil des ans, il a équilibré ses activités entre la fiction, les grands reportages et les documentaires créatifs, réalisant plus d’une centaine de films. Pour des émissions comme « Cinq Colonnes à la Une » et des éditions spéciales d' »Information Première » (Pierre Desgraupes), il a voyagé dans le monde entier pendant l’époque de la décolonisation, couvrant des régions telles que la Somalie/l’Éthiopie, la Roumanie communiste, la Palestine (Gaza), le Vietnam (La guerre à 25 ans), l’Algérie (L’Algérie dix ans après), le Laos (Commando, piste Ho Chi Minh, bombardements B52), le Cambodge (Siège de Phnom-Penh/Chronique d’une route coupée), le Tchad (Au-delà de la guerre), l’Amérique latine (Typhon sur le Honduras/Médecins Sans Frontières).

À travers ses documentaires créatifs, Ange Casta a observé, analysé et témoigné d’un monde en mutation au cours des années de croissance, les « Trente Glorieuses », avec le meilleur et le pire, y compris les bouleversements de mai 1968, la longue grève à l’ORTF pour la liberté d’expression, et les années de crise qui ont suivi. Ses œuvres incluent « De mère en fille », « Le temps s’en va Madame », « La Rupture », « Les Chemins de la vie », « Les Dossiers de l’écran », « Daniel Claude Simone et un million d’autres », « La Pub », « Que vive Mexico », « Beurs », « La Parabole corse ». Pierre Bourdieu et Françoise Dolto ont collaboré à ses projets, et il a également dressé le portrait et documenté de grands écrivains et personnalités tels qu’Alain-Fournier (« À la recherche du Grand Meaulnes »), Saint-Exupéry (« Visages de Saint-Exupéry »), Ampathé Bâ, Amadou Seydou (Service de la recherche ORTF), contribuant à « Lectures pour tous ».

Ange Casta a dirigé des acteurs renommés dans ses films de fiction, notamment Suzanne Flon, Patrick Dewaere, Martine Carol, Alice Sapritch, Jean Desailly, Philippe Avron, Claude Evrard, Bernard Fresson, Juliette Gréco, Jean-Marc Bory, Catherine Rouvel, Grégoire Aslan, Henri Virlojeux, etc., dans des œuvres telles que « La Belle Équipe », « Si j’étais vous », « Monsieur Il », « Drame à un personnage », « La Roulette russe », « Colomba », « Jean Jaurès; vie et mort d’un socialiste », « Mademoiselle Clarisse ».

Ange Casta a reçu des prix nationaux et internationaux pour ses films, notamment le prix René-Barthélemy, le Grand Prix de la télévision en 1965, le Prague d’Or en 1981, le Sept d’Or en 1985, et le Grand Prix du jury du Festival de l’Environnement en 1992.

En 1976, il a lancé la campagne de communication pour Médecins sans frontières, offrant un soutien gratuit de Havas. Cette campagne, avec le slogan « Dans leur salle d’attente deux milliards d’hommes », a marqué un tournant pour MSF, contribuant à sa reconnaissance internationale et au prix Nobel de la paix en 1999.

Simultanément, Ange Casta a été professeur associé en sciences de la communication et en études cinématographiques à l’université Louis-Lumière Lyon II pendant quinze ans (1977/1993), mettant en place le programme de communication et de cinéma du troisième cycle.

En janvier 1987, après la privatisation de TF1 et la création de plusieurs chaînes de télévision commerciale, Ange Casta, en tant que membre d’un groupe d’experts, a proposé une réforme fondamentale du financement de la télévision publique en tant que service d’État. Cette proposition visait à échapper à la marchandisation de sa politique de programmes, suggérant la suppression de la publicité sur ses chaînes, compensée de manière égale par une contribution à la Culture et à la Communication, modulée et prélevée sur l’ensemble du marché publicitaire. Ce choix aurait été accompagné d’une révision équilibrée de la redevance télévisuelle payée par les utilisateurs. Bien que cette proposition ait été initialement envisagée par le Premier ministre Michel Rocard, elle a finalement été abandonnée sous pression.

À partir de 1990, Ange Casta a dirigé le groupe de travail « Pour que vive la télévision publique », auquel ont participé Pierre Bourdieu, Max Gallo, Pierre Moinot, Claude Marti, Jean Martin (juriste-avocat) et Christian Pierret (président de la Caisse des dépôts).

Vingt ans plus tard, le 8 janvier 2008, dans un contexte politique différent, le président Nicolas Sarkozy a repris inopinément cette proposition de réforme, entraînant la suppression de la publicité sur la télévision publique sans compensation financière équivalente, réduisant ainsi ses ressources (voir l’article de Claude Soula dans le Nouvel Observateur du 17 janvier 2008).

De 2003 à 2007, Ange Casta a été président de la Société civile des auteurs multimédia.

En 2005, il a initié la création des Étoiles de la Scam, décernées chaque année aux meilleurs films documentaires.

Ange Casta, chevalier de la Légion d’honneur, est décédé le 13 octobre 2020 au Plessis-Robinson à l’âge de 93 ans.

Filmographie

  • 1958 : La Belle Équipe
  • 1959 : Attention… Je pique !
  • 1968 : Colomba
  • 1971 : Si j’étais vous
  • 1984 : Mademoiselle Clarisse (d’après Violette Leduc)